
Le charançon rouge est un insecte originaire d’Indonésie. Il s’est déplacé vers l’ouest et infeste le littoral méditerranéen depuis 2006. Il vit et se nourrit des palmiers. L’importation de ces arbres en France a permis sa prolifération et obligé l’État a publié un arrêté avec obligation de déclaration et de lutte contre ce nuisible. Toutefois, sa présence est très difficile à diagnostiquer sauf à l’état de cocon lorsqu’il entame sa transformation en coléoptère. Faisons donc la connaissance de ce Rhynchophorus ferrugineux et voyons comment nous pouvons lutter contre ce fléau qui tue un arbre en deux à cinq ans.
Le charançon rouge du palmier
Le charançon rouge est un petit insecte qui ressemble au scarabée. Il mesure environ trois centimètres de long et on le reconnaît à sa couleur orange parsemée de points noirs. Les femelles ont un rostre plus proéminent. Les larves sont brunes de clair à foncé.
Caractéristiques de la larve
- ponte dans les tissus de l’arbre au printemps et à l’automne
- forme d’un grain de riz
- éclosion en deux à quatre jours
- couleur jaunâtre à brune
- taille jusqu’à cinq centimètres et quatre grammes
- développement entre un et neuf mois selon la température (minimale 15°)
- alimentation en creusant et détruisant le système vasculaire de l’arbre
- migration à la base des palmes et fabrication du cocon en fibres végétales
- transformation en coléoptère en deux à quatre semaines
Caractéristiques de l’insecte adulte
Le charançon rouge vole en journée, adepte de températures chaudes variant entre vingt-cinq et quarante degrés. En dessous des cinq degrés, il meurt. Les raisons de ses déplacements ne sont pas encore connues. Son habitat préféré, caché dans les tissus de l’arbre, le rend difficilement détectable. Son rayon d’action peut atteindre jusqu’à sept kilomètres par jour. Son cycle de vie est de deux à quatre mois, les femelles vivant plus longtemps que les mâles.
Alimentation du charançon rouge du palmier
Cet insecte a une prédilection pour tout ce qui est sucré voire pourri, d’où l’inquiétude grandissante quant à une éventuelle modification de son comportement. Pour l’instant il attaque de préférence le palmier dattier et le palmier des canaries. Il profite de toutes faiblesses du tronc pour infester l’arbre.
Reproduction du charançon rouge
Il est très important de bien connaître les caractéristiques de reproduction de ces insectes afin de pouvoir trouver des moyens de lutter contre leur prolifération. Pour trouver une femelle, les mâles émettent une phéromone dont l’action est décuplée par l’odeur du palmier. Les mâles comme les femelles sont attirées par cette molécule d’où la difficulté de traitement de ce fléau.
Lutter et éliminer ces insectes nuisibles pour les palmiers
Il est très difficile de faire de la prévention mais c’est une des premières façons d’agir contre l’infection des arbres par les charançons. On sait que les insectes repèrent les blessures et entailles des palmiers pour envahir le tronc de l’arbre. Les soins préventifs sont bien sûr de cicatriser avec du goudron végétal ou autre matériau pour réduire les portes d’entrée des nuisibles. La taille des palmes doit se faire par temps hivernal et froid.
Diagnostiquer la présence des charançons
La première chose à faire quand il y a des palmiers dans un jardin, c’est de lever la tête et de les observer. Lorsque les insectes commencent à envahir l’arbre, les palmes se détériorent, se dessèchent, s’affaissent. On voit que la frondaison n’est plus homogène en qualité. Ceci est courant pour le palmier des canaries après la ponte dans la cime de l’arbre. En plus de ce constat, il faut aussi vérifier le tronc souvent victime d’attaques, surtout en période de croissance. On sera attentif à l’existence de rejets de déchets de fibres ou des suintements. Bien sûr on vérifiera sur tout le palmier s’il y a des cocons que l’on doit enlever.
Signalement de la présence du charançon rouge du palmier
Depuis 2010, le ministère de l’agriculture oblige les propriétaires de palmiers à traiter préventivement leurs arbres. En cas d’infestation, la déclaration est obligatoire selon les arrêtés gouvernementaux. Elle se fait à la mairie ou auprès du service SRLA, Service du ministère de l’agriculture en charge de la protection des végétaux sur le département.
Le but est bien sûr d’éviter la propagation de ce nuisible et sa mutation du palmier vers d’autres sources alimentaires comme les vergers par exemple.
les différents traitements contre l’infestation du charançon
Il existe plusieurs traitements possibles qui n’ont pas tous la même efficacité. Les recherches continuent dans plusieurs pays et notamment au sein du Palm Protect. C’est un projet européen qui souhaite développer des méthodes de détection comme d’éradication et surtout de contention utilisables par tous, des producteurs aux détenteurs de palmiers. On ne connaît pas d’ennemis naturels à ce charançon rouge.
Les phéromones
Rappelons ce que sont les phéromones. Ce sont des substances chimiques secrétées par un humain ou un animal qui provoquent des actions comportementales régies par ces différentes espèces. Ce signal chimique est une odeur attirante détectée par le ou la partenaire. Il en existe différentes sortes. Pour les animaux et humains, nous trouverons des phéromones sexuelles. Chez les animaux, les phéromones peuvent servir de guide pour trouver de la nourriture, d’odeur de reconnaissance de groupe ou d’alerte pour un danger. Chez les fourmis en particulier, la phéromone est l’identifiant d’une même colonie. On peut donc dire que le charançon du palmier sera sensible à la phéromone de son espèce et sera donc attiré par cette odeur.
Les pièges à base de phéromones
Les pièges à phéromones contre le charançon rouge du palmier fonctionnent de différentes manières mais ont tous pour but d’attirer et de neutraliser définitivement le charançon rouge du palmier.
Les pièges se disposent par un ou deux par hectare ou plus selon le degré d’atteinte des palmiers. Il va limiter le développement des larves et attirer mâles et femelles. Selon le nombre de palmiers et l’utilisation préventive ou en période d’infestation, on adaptera le nombre de plaques de glue. Les insectes attirés par leur odeur viendront se poser sur le support et ne pourront plus repartir.
Les pièges sont attachés en hauteur. La capsule contenue dans le piège sera efficace de soixante à quatre-vingt dix jours. Les pièges sont à retirer en fin de saison. Ces pièges servent aussi de témoins à la présence du charançon rouge. Selon la quantité détectée, il est utile de traiter différemment les palmiers.
Comment lutter encore contre le charançon rouge du palmier
Il a été découvert un parasite naturel aux charançons rouges du palmier mais aussi aux papillons palmivores. Il s’agit du Nématode Steinernema Carpocapsae.
Il s’agit d’un ver microscopique que l’on retrouve dans le sol. Il s’attaque aux chenilles, aux larves et aux charançons adultes. On trouve ce parasite sous forme de poudre mouillable et pulvérisable. Il n’y a aucun risque pour la santé de l’homme ou des animaux ni pour l’environnement. La meilleure période pour traiter est le soir sur des feuilles humides et entre quatorze et trente degrés. Un temps couvert est tout indiqué. Les zones fragilisées comme les saignées du tronc doivent être inondées avec le produit. Ce traitement peut aussi s’utiliser en prévention. Une fois l’arbre atteint, il est difficile voire impossible de le sauver.
Vaincre le charançon rouge du palmier ?
Après avoir décrit le fonctionnement des pièges à base de phéromones ou encore l’utilisation du ver Nématode, force est de constater que le travail est considérable pour lutter contre le charançon rouge du palmier. N’ayant aucun prédateur naturel, il revient à l’homme de sauver les palmiers et d’éviter une contamination aux cultures fruitières et autres vergers. Il existe bien d’autres moyens comme l’enduit pour protéger les troncs et conseiller en agriculture biologique mais cela est abordable si l’on a un ou deux palmiers. Si le palmier est déjà infesté on peut aussi le bâcher pour éviter la contamination aux autres arbres.
Sauver les palmiers ?
Les régions qui sont touchées par l’invasion du charançon rouge du palmier sont la Provence, Alpes, Côte d’Azur, la Corse, et le Languedoc Roussillon.
La première zone autour d’un arbre contaminé est de cent mètres puis une deuxième zone est dans un deuxième rayon de cent mètres. Enfin, la zone de vigilance s’étend dans un rayon de dix kilomètres autour du point de départ. La surveillance de tous les palmiers de la zone est effectuée par les différentes propriétaires une fois par mois et à leurs frais. Il convient de contacter les mairies car certaines d’entre elles, comme Menton par exemple, participe aux frais de traitement des palmiers. Les arbres ont en effet une grande importance locale et touristique.